Si l’Europe accuse un retard important en matière d’innovation, c’est avant tout à cause de son héritage culturel et philosophique, estime le physicien et paléoanthropologue Pascal Picq dans son dernier essai, L’IA, le philosophe et l’anthropologue (Odile Jacob, 2024). Contrairement aux États-Unis, empiriques et pragmatiques, ou au Japon, où l’animisme intègre les machines dans une continuité spirituelle, l’Europe est ancrée dans un cartésianisme rigide, séparant esprit et corps.
Cette méfiance envers l’intelligence artificielle, exacerbée par son intrusion dans les tâches intellectuelles, freine encore davantage l’innovation. « Nos élites peinent à comprendre l’enjeu, tandis que nos chercheurs partent à l’étranger pour développer leurs idées », regrette Pascal Picq. Pour lui, l’Europe doit adopter l’analogie du centaure : un partenariat homme-machine qui exploite les forces de l’IA sans perdre le contrôle.