CONFÉRENCES DE PASCAL PICQ

Paléoanthropologue au Collège de France

Conférencier Pascal Picq

Pascal Picq est paléoanthropologue au Collège de France. Ses recherches s’intéressent à l’évolution morphologique et sociale de la lignée humaine dans le cadre des théories modernes de l’évolution. Après avoir introduit l’éthologie dans le champ de l’anthropologie évolutionniste (Il était une Fois la Paléoanthropologie Odile Jacob 2010), il s’est impliqué dans des questions de sociétés en dénonçant les archaïsmes à l’encontre de la diversité et des femmes (Nouvelle Histoire de l’Homme Perrin 2005), pour la défense de la laïcité (Lucy et l’Obscurantisme Odile Jacob 2007) et un essai (im)pertinent sur les origines naturelles de la politique au moment des élections présidentielles (L’Homme est-il un grand Singe politique ? Odile Jacob 2011).  Ses réflexions et ses travaux intéressent de plus en plus le monde économique et social sur les processus de l’innovation et du management des groupes autour du concept d’Anthroprise (Un Paléoanthropologue dans l’Entreprise Eyrolles 2011). Il est associé à l’APM, à l’Académie des Entrepreneurs et à la Fabrique de l’Industrie. Ses travaux récents décrivent comment, de la Préhistoire à demain, les mêmes mécanismes adaptatifs font que l’Homme ne survit que par ses entreprises. Ses derniers essais De Darwin à Lévi-Strauss : l’Homme et la Diversité en Danger et Le Retour de Madame Neandertal : comment être sapiens (Odile Jacob 2013 et 2015) et La Marche (Autrement 2015) sont des plaidoyers pour l’avenir de l’humanité.

Bibliographie générale

  • Picq Pascal. La Marche. Retrouver le Nomade qui est en nous. Autrement 2015.
  • Picq Pascal. Le Retour de Madame Neandertal : comment être sapiens. Odile Jacob 2015.
  • Picq Pascal. De Darwin à Lévi-Strauss : L’Homme et la Diversité en Danger Odile Jacob, novembre 2013.
  • Picq Pascal. L’Homme est-il un grand Singe politique ? Odile Jacob novembre 2011.
  • Picq Pascal. Un Paléoanthropologue dans l’Entreprise. Eyrolles, septembre 2011.
  • Picq Pascal. Il était une fois la paléoanthropologie. Odile Jacob, 2010.
  • Picq Pascal. Les Origines de l’Homme expliquées à nos petits-enfants. Seuil, 2010.
  • Picq Pascal. Le Monde a-t-il été créé en sept jours ? Perrin, 2009.
  • Picq Pascal. 100.000 ans de Beauté. Dir. du volume I: Préhistoire/Fondations. Gallimard, 2009.
  • Picq Pascal et Brenot Philippe. Le Sexe, l’Homme et l’Evolution. De la nature à la culture du sexe. Odile Jacob, 2009.
  • Picq Pascal. Darwin et l’Evolution expliqués à nos petits Enfants. Seuil, 2009.
  • Picq Pascal et Coll. La plus belle Histoire du Langage. Le Seuil, 2008.
  • Picq Pascal. Les Animaux Amoureux. Le Chêne, 2007
  • Picq Pascal et Michel Hallet-Eghayan. Danser avec l’Evolution. Le Pommier, 2007.
  • Picq Pascal. Lucy et l’Obscurantisme. Odile Jacob, 2007.
  • Picq Pascal. Nouvelle Histoire de l’Homme. Perrin, 2005. (Grand Prix Moron de Philosophie et d’Ethique de l’Académie Française, 2006)
  • Picq Pascal, Lestel Dominique, Desprêt Vinciane et Herzsfeld Chris. Les Grands Singes : l’humanité au Fond des Yeux. Odile Jacob, 2005.
  • Picq Pascal et Hélène Roche. Les premiers outils et origines de la Culture. Le Pommier 2004.
  • Picq Pascal. Au commencement était l’homme. Odile Jacob, 2003.
  • Picq Pascal, Michel Serres et J.-Didier Vincent. Qu’est-ce que l’humain ? Le Pommier, 2003.
  • Picq Pascal et Coppens Yves (dirs.). Aux Origines de l’humanité. 2 volumes. Fayard, 2001.
  • Films: Pascal Picq et Nathalie Borgers : Le Singe Cet Homme et Du Rififi chez les Chimpanzés ; Arté/Doc en Stock ; 1998.
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MONDE ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Conférences de Pascal Picq

Collège de France et Anthroprise

Les travaux de Pascal Picq s’inscrivent dans l’anthropologie évolutionniste, un champ interdisciplinaire qui s’intéresse à l’évolution humaine dans ses aspects biologiques, cognitifs, techniques, culturels et sociétaux dans le cadre des théories modernes de l’évolution.

Ses recherches, ses publications et ses interventions actuelles s’intéressent à l’évolution des entreprises et de la société en regard des changements environnementaux (bouleversements climatique et effondrement des biodiversités), anthropologiques (famille, démographie, multi-générations …) et technologiques actuels (NTIC/NBIC).

« L’évolution en train de se faire. »

L’espèce humaine, entendre l’ensemble de sociétés humaines devenues connectées, s’est engagée dans une phase d’évolution rapide, ce que les évolutionnistes appellent les « équilibres-ponctués » et les économistes les « cycles de Kondratieff/Schumpeter ».

Car l’évolution, pas plus que l’histoire, ne sont des processus réguliers, cumulatifs et progressifs (bien qu’elle ne revienne jamais en arrière). Les espèces comme les sociétés changent sous la pression de facteurs externes ou exogènes et, surtout, en raison de facteurs internes ou endogènes, et tout particulièrement les techniques et leurs usages. C’est ce qu’avaient compris Joseph Schumpeter en conceptualisant la couple invention/innovation auquel correspond le couple inventeur/entrepreneur en s’inspirant du couple variation/sélection de Charles Darwin. Et il en est ainsi de la préhistoire au transhumanisme et c’est certainement là le propre de l’Homme. Autrement dit, les sociétés humaines doivent s’adapter à la diversité de leurs environnements, à l’influence des autres sociétés humaines et à leurs capacités de plus en plus intenses à modifier leurs propres environnements.

 Actuellement, tous ses facteurs agissent à l’échelle mondiale avec tous les humains connectés (la noosphère de Teilhard de Chardin), devenus majoritairement urbanisés depuis 2007 (illusion de la Cité radieuse), avec une dévastation des diversités naturelles (cauchemar de Darwin), l’érosion des cultures et des langues (cauchemar de Lévi-Strauss/Hagège) et tout cela entre les craintes des technologies invasives (cauchemar de Heidegger) et les utopies tanshumanistes (Singularity univsersity).

Trois coèvolutions président à l’évolution de la lignée humaine :

  • Le coévolution avec les autres organismes vivants (valable pour toutes les espèces depuis des milliard d’années)
  • La coévolution avec les choix culturels et techniques (valables pour toutes les sociétés humaines depuis deux million d’années).
  • La coévolution avec les NTIC/NBIC (depuis le début du XXIe siècle).

Actuellement, ces trois coévolutions se conjuguent et provoquent des changements très rapides à l’échelle mondiale. Tout cela pénètre et impacte les entreprises avec les diverses problématiques du développement durable, du réchauffement climatique, de la RSE, des diversités (femmes, ethniques et culturelles, handicapés, genre, âges de la vie) et des nouveaux usages technologiques. Comment comprendre ces changements et comment s’adapter ? C’est une question d’anthropologie évolutionniste.

Éléments de biographie pour le monde économique et social

Pascal Picq est expert de l’APM (Association Progrès du management) et associé à l’Académie des Entrepreneurs (E&Y) et à la Fabrique de l’Industrie. Il a participé récemment à une Décade de Cerisy autour du thème «L’Industrie, notre Avenir». Il est membre de l’Observatoire de l’Uberisation de la Société ; du MENE (Mouvement des Entreprises de la Nouvelle Economie) et de l’Institut de la Souveraineté numérique.

Chroniqueur pour les journaux Les Echos et SudOuest.

Prix Innovation de l’Entreprise impertinente du Cercle des Entrepreneurs du Futur 2009.

Prix de l’Innovation sociale de la Fondation Malakoff-Médéric 2012.

Publications pour le monde économique et social

Cette biographie non exhaustive ne comprend pas les nombreuses interviews ni les chroniques.

  • Homo numericus au Travail. Préface. Pierre Beretti et Alain Bloch. Economica 2016.
  • L’évolution de l’Homme et de ses industries. In Pierre Veltz et Thierry Weil (dirs.) et La Fabrique de l’Industrie : L’Industrie, notre Avenir. Eyrolles 2015 ; p. 53-61.
  • Le Progrès et les Entreprises : quelle Renaissance ? In Renaissance(s):le Plaisir d’entreprendre. Eyrolles/APM 2015 ; p. 93-99.
  • Un paléoanthropologue dans la ville. In Jean-Yves Chapuis (dir) Profession Urbaniste., Editions de l’Aube 2014.
  • Des hommes, des hominoïdes et des humanoïdes. L’Expansion 795, juin 2014.
  • Des bienfaits de la crise ou une crise bien faite ? Acteurs de l’Economie/La Tribune 122, octobre 2014, p. 33.
  • De l’Evolution et de la relation client. Livre blanc AFRC La Révolution Client est en Marche 2014.
  • Malthus revient frapper à la porte. Interview Les Echos 26 novembre2013
  • Comment anticiper sans avoir de but ? Une question d’évolution. In : Anticiper. Prendre un Temps d’Avance. Cahiers Ernst&Young 14 ; 2013.
  • Petite anthropologie branchée. Préface du livre S’adapter au Numérique RH. Edition ADP 2013.
  • De l’innovation chez les grands singes et les hommes. Thalès Innovation automne 2013.
  • La Santé et le Travail : Innovation et évolution. Maroc/Malakoff-Médéric, 2013.
  • Il faut accorder plus de place à la solidarité et au partage. Gand Angle Les Echos 19 Octobre 2012.
  • Le Paléoanthropologue et l’évolution de la femme entrepreneur. Préface. In Séverine Le Loarne-Lemaire (dir.) Femmes Entrepreneurs : c’est possible. Pearson 2012.
  • Empreintes sociales : pour en finir avec le court terme. Préface in Christian Nibourel et coll. ; Odile Jacob 2011.
  • L’entreprise impertinente est celle capable d’évoluer. Cercle des Entrepreneurs du Futur/La Documentation Française, septembre 2010.
  • L’Homme est un singe savant comme les autres. In Aux Sources de l’Innovation. Pluriel 3/APM, janvier 2010.
  • Evolution du monde aujourd’hui et s’adapter au changement : contraintes ou opportunités ? STP pharma Pratiques 19 – 6 ; nov-déc 2009.
  • La construction d’un nouveau paradigme. In : Changement climatique et développement durable. Constructif 23, juillet 2009, pp. 41-43
  • L’évolution de l’Homme et les crises. In Quel nouvel ordre économique, social et financier après la crise ? Constructif 22 ; mars 2009, pp. 67-69.
  • L’évolution, l’entreprise et le singe. In : Repenser l’Entreprise. APM/Cherche Midi, pp. 161-181.
  • L’Homme face à son évolution et au développement durable. In : Le Développement durable, gisement de Compétitivité pour l’Entreprise. Cahier Médicis. Comité Médicis/Descartes et Cie, 2007, pp. 88-99.
  • Faut-il avoir peur du changement ?  Eloge de la Rupture. Mécaniques et dynamiques du changement, avec Samuel Rouvillois. Les Cahiers Ernst&Young N° 9/2007, Autrement, p. 30-41
  • Comment l’adversité fait progresser l’Homme. In : La Confrontation pour Grandir. 11e Académie des Entrepreneurs, 2007, pp. 32-39
  • La valorisation du travail d’hier à aujourd’hui. In : Le Goût du Travail. 12e Académie des Entrepreneurs, 2008, pp. 32-43.
  • Pour devenir un bon chef, observer les grands singes. L’Entreprise 254, mars 2007. 

Grands thèmes

Tous ces thèmes, en constante évolution, participent d’une réflexion et d’une recherche globale placée sous le concept d’Anthroprise : l’anthropologie évolutionniste appliquée aux entreprises.

Pascal Picq a donné plus de 500 interventions dans le monde économique et social depuis le début des années 2000.

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Tous ces sujets sont abordés dans leurs fondements et leurs développements évolutionnistes

1- L’Évolution de l’Homme : de la Préhistoire au Transhumanisme

L’humanité vient d’entrer dans une période brutale de son évolution, confrontée à des changements anthropologiques, sociétaux, démographiques et environnementaux comme jamais auparavant et à l’échelle mondiale. Pour le comprendre, il faut repartir de nos lointaines origines. Comment, depuis la fin de l’ère tertiaire en Afrique, la famille des grands singes hominoïdes donne une lignée, le genre Homo, qui, il y a environ 2 millions d’années, s’affranchit du monde des arbres et se lance à la conquête de l’Ancien Monde puis, avec notre espèce Homo sapiens, vers les Nouveaux Mondes ? Quelles sont les caractéristiques biologiques, cognitives et culturelles d’un genre très particulier ? Qu’est-ce qui fait que l’homme est le seul grand singe entrepreneurial ? Comment les populations humaines se sont adaptées aux changements d’environnements et comment elles ont accentué leurs effets sur leurs environnements ? Aujourd’hui, la question devient : est-ce que l’homme peut s’adapter à lui-même ? L’Homme est-il arrivé au bout de l’histoire (Francis Fukuyama) comme de son évolution (tanshumamisme) ? L’évolution continue et le véritable enjeu actuellement est de s’interroger sur les capacités de l’humanité à s’adapter aux changements sociétaux et environnementaux dus à l’ampleur de ses activités démographiques et économiques.  

Mots clé : évolution, hominisation ; coévolution ; outils, cultures et techniques ; migrations ; évolution anatomique ; cerveau et intelligence ; langage et communication ; évolution sociale ; sexualité humaine ; mythes religions ; arts ; progrès ; changement climatiques …

Intérêt pour les entreprises :

L’homme, plus exactement le genre Homo depuis 2 millions d’années, se compose d’espèces qui s’adaptent en transformant techniquement (la main) et culturellement (le cerveau) le monde. Cela passe donc par ses représentations et ses connaissances du monde. De la façon de comprendre l’évolution en général et de l’homme en particulier, comme de ses contestations, découlent autant de façons d’agir. L’émergence des économies dites verte, grise, de solidarité, de partage, socialement responsables … s’appuient sur la compréhension de ces changements qui ne sont plus considérés comme des externalités, mais comme des sources d’innovation et des gisements de croissance.

 -Culture générale et scientifique sur les origines et l’évolution de la lignée humaine.

-Approches thématiques sur l’évolution des outils et des techniques ; des systèmes sociaux et des contrôles de moyens de production et de reproduction ; du cerveau et ses inventions (langage, art, esthétique …) ; des âges de la vie et des organisations sociales ; des migrations subies ou volontaires …

Références : Au Commencement était l’Homme Odile Jacob 2003 – Il était une Fois la Paléoanthropologie Odile Jacob 2010 –. Aux Origines de l’Humanité. 2 tomes, Fayard 2001 (avec Yves Coppens).

2- Les Entreprises et l’Évolution

Les entreprises et les espèces se composent d’individus différents, tendent à augmenter leurs effectifs et doivent s’adapter à leurs environnements respectifs. Et ce n’est pas une analogie superficielle. La famille Darwin a contribué à édifier la société industrielle et Joseph Schumpeter invente le terme économie évolutionniste en 1912, rendant hommage aux travaux de Charles Darwin. L’histoire moderne a oublié que les théories de l’évolution et le libéralisme économique prennent naissance au sein d’un même groupe il y a un peu plus de deux siècles : la Lunar Society de Birmingham (Erasmus Darwin, James Watt, Matthew Bolton, Benjamin Franklin …) ; et qu’il en a été de même en France. Plus encore, d’après Ronald Coase Prix Nobel d’Economie, aucune grande théorie économique ne prend en compte les entreprises.  Or, depuis les fondements de nos sociétés modernes à la fin du XIXe siècle, les évolutionnistes et les entrepreneurs partagent les mêmes conceptions du changement : de l’individu aux espèces pour l’évolution ; des comportements individuels à l’entreprise pour les sociétés.  Ce qu’on appelle l’économie évolutionniste mobilise les avancées de la nano- et de la microéconomie, la macroéconomie en étant la conséquence.

Mots clé : entreprises ; libéralisme entrepreneurial ; économie évolutionniste ; invention/innovation ; entreprise darwinienne ; inventeurs/entrepreneurs ; coévolution inter-entreprises ; écosystème …

Intérêt pour les entreprises : Comme pour les espèces, il n’existe pas un type d’entreprise, mais une diversité d’entreprises, des artisans et des autoentrepreneurs aux multinationales (la France est championne dans ces deux catégories, sauf pour les ETI), en passant par des formes mutualistes et coopératives. On constate, hélas, une ignorance de ces diversités, notamment dans les grands débats d’économie politique et, malheureusement, entre les organisations représentatives de ces catégories entrepreneuriales. La manie des filières mine l’adaptabilité des entreprises (rapport Gallois). Or, notre monde change très vite, notamment pour les grandes entreprises, avec l’émergence de nouveaux statuts et un phénomène fulgurant de « startupisation ». Comment mettre en place de nouvelles coévolutions sous l’effet des nouvelles technologies dans le nouvel espace digital darwinien ? C’est bien une question d’évolution.

Références : Un Paléoanthropologue dans l’Entreprise Eyrolles 2011.

3- Les Chemins naturels et culturels de l’Adaptation

On nous a enseigné que les innovations sont les filles des nécessités. Il faut innover pour survivre selon l’injonction courante. Mais faut-il innover pour survivre ou vivre en innovant ? La vie ne cesse d’innover depuis presque quatre milliard d’années et les sociétés humaines depuis plus de deux millions d’années. Quels sont les mécanismes naturels et culturels de l’innovation ? Dans la nature, le processus d’innovation ou d’adaptation s’articule en trois temps : variation – sélection – développement. C’est la sélection naturelle, qui n’est pas un processus éliminatoire, mais de préservation des meilleurs caractères ; processus renforcé et accéléré par la sélection sexuelle. Cela s’applique des gènes aux comportements. Seulement, les entreprises n’adoptent pas systématiquement ces processus pour des raisons culturelles, préférant se fier à la créativité ou innovation active. C’est la différence entre l’innovation darwinienne et l’innovation lamarckienne. La question est : comment et dans quelles circonstances jouer sur ces processus et pour quels types d’innovations ?  Quels sont les typologies d’innovations selon les tailles et les organisations des entreprises ? Quels sont les avantages et les contraintes vécues par les startups ou les grandes entreprises et, parmi ces dernières, comment font celles qui sont centenaires et dites ambidextres ?

Mots clé : innovation ; adaptation ; sélection naturelle ; spéciation périphérique ; coévolution ; modularité ; systèmes ouverts et fermés ; coévolution …  

Intérêts pour les entreprises : dans les propos tenus autour de l’innovation, il y a beaucoup d’imprécisions, si ce n’est de confusions entre, d’une part, l’invention et l’innovation et, d’autre part, les processus qui conduisent à leur apparition. Donner un tableau compréhensif des différents types d’innovations (incrémentale, rupture, radicale …) dans les entreprises et comparer avec celles du monde naturel. Présenter les procédures, les processus et les organisations qui favorisent tel ou tel type d’innovation à la fois au sein de l’entreprise (importance du facteur taille et de l’organisation), entre des entreprises (de tailles comparables ou différentes) et en mode plus ou moins ouvert. Enfin, l’importance du contexte, à savoir les régimes de concurrence et leurs impacts sur l’innovation (modèles ou modélisations de Schumpeter, Harlow, U-reverse d’Aghion …), mais aussi les principes de coopétition et de coévolution.

Références : Un Paléoanthropologue dans l’Entreprise Eyrolles 2011

4- Éthologie et Innovation

Une invention technique ou comportementale d’un individu devient une innovation si le groupe l’accepte et la diffuse (routine > tradition > culture). Mais cela dépend autant de la créativité des individus que de l’organisation sociale du groupe. Qu’est-ce qui fait que des individus et des groupes sociaux innovent et d’autres pas ? De nombreuses espèces de singes utilisent des outils, chassent et possèdent des cultures. Mais c’est moins une question d’espèce que de populations au sein de ces espèces comme chez les singes capucins, les chimpanzés et … les hommes (sociétés froides ou chaudes de Lévi-Strauss/Clastre/Godelier). Il en va évidemment de même pour les entreprises. Donc, la question n’est pas d’être capucin, chimpanzé ou homme, mais de connaître les paramètres comportementaux et sociaux qui favorisent l’émergence et la diffusion d’informations et d’innovations. Des études comparatives récentes mettent en évidence une universalité de ces paramètres parmi les groupes sociaux de ces espèces touchant aux formes de leadership, de structure, d’organisation et de modularité. Quels sont les types de managements appropriés, comme pour l’entreprise dite « libérée » ? Car, dans un monde qui change très vite, l’éthologie s’invite au cœur des ressources humaines en distinguant les causes immédiates et les causes fondamentales. Autrement dit, nous abordons un monde nouveau à partir d’un double passé, celui de l’histoire de notre espèce (phylogenèse et histoire) et de notre histoire individuelle ; et c’est bien pour cela qu’il faut toujours s’adapter, ce qu’on appelle la Reine rouge.

Mots clé : éthologie (comportements et éthique) ; systèmes sociaux ; structure et organisation ; empathie ; reconnaissance ; entre aide ; hiérarchies ; autorité et autoritarisme ; centralité et modularité ; behaviorisme ; causes proximales et causes ultimes ; apprentissages ; adaptabilité ; formation ; politiques RH …

Intérêt pour les entreprises : Du taylorisme au « management humain », c’est toute une conception du rapport de l’homme – en tant qu’espèce – au travail qui a évolué, depuis les « temps modernes » de Charlie Chaplin à « l’entreprise libérée ». Il en est exactement de même pour les recherches en éthologie. Les politiques des RH suivent cette évolution, du temps des hommes dédiés à des tâches (conditionnement), puis des personnes recrutées avec des compétences nécessaires (adaptation) et, actuellement, la recherche de potentialités encore imprécises dans un monde qui change très vite (adaptabilité). Alors, est-ce que manager, c’est diriger sur des compétences précises (productivité) ou, selon, l’étymologie, « augmenter » les compétences (créativité) ? Il n’existe pas une solution ou de plus apte. C’est ce que nous enseigne la diversité des populations de singes, des sociétés humaines et des entreprises. La question est : quel type de management pour quel type d’entreprise et pour quel projet.

Références : L’Homme est-il un grand singe politique ? Odile Jacob 2011 – Un Paléoanthropologue dans l’Entreprise Eyrolles 2011

5- Des Femmes et des Entreprises

Savez-vous combien coûte la discrimination envers les femmes dans le monde ? Une étude récente menée par le cabinet McKinsey le chiffre à un million de milliard d’Euros pour la décennie à venir. La discrimination coûte cher car elle concerne un élément fondamental de l’innovation et de l’adaptation : la diversité. Alors, pourquoi une telle inertie ? On touche là aux fondements les plus ancestraux et archaïques de la plupart des sociétés humaines : l’homogamie (tendance à se lier à des personnes du même milieu social). L’observation des sociétés de singes, la comparaison entre les sociétés humaines et l’analyse des grandes représentations anthropologiques, sociologiques et idéologiques des rapports entre les femmes, les hommes et les techniques met en évidence des freins puissants à l’équité entre les sexes dans nos sociétés et dans les entreprises. Cela dépend beaucoup des cultures et c’est une question d’anthropologie. Par exemple, les sociétés du nord de l’Europe héritières du droit germanique et celle du sud héritières du droit romain. Autre exemple, la culture d’Amérique du Nord admet plus volontiers les aptitudes techniques des femmes que celles d’Europe continentale. En Europe, le déficit de la dette des pays se corrèle au degré de discrimination envers les femmes. Il est urgent de bien comprendre la logique dépassée de ces représentations dans un monde dans lequel les contrôles de moyens de production et de reproduction changent radicalement avec les nouvelles technologies, que ce soit dans l’ensemble de la société comme dans les entreprises.  

6- Des Diversités et des Entreprises

Combien coûte la discrimination ? De nombreuses entreprises développent de vraies politiques en faveur de la diversité et des chaires de grandes écoles en soulignent tous les avantages. Pourtant, les résistances persistent malgré ces bonnes pratiques et leurs résultats bénéfiques. Les législations des différents pays se réfèrent à des principes éthiques universels, ce qui se traduit par des obligations réglementaires et des sanctions financières que, trop souvent, des entreprises préfèrent payer. Mais est-ce que ces diversités ont un coût pour les entreprises ? Celles qui rechignent considèrent que cela aurait un coût négatif. Or, les études conduites dans divers pays, et tout particulièrement aux USA, montrent que l’absence de diversité causes des pertes directes et induites pour toutes les fonctions des entreprises, que ce soit pour ses relations internes ou externes. A l’échelle mondiale, les discriminations envers les femmes, les handicapés, les origines ethniques et culturelles, l’âge et les orientations sexuelles (LGBT) se chiffrent en millions de milliard d’Euros. Les corporatismes et l’homogamie (préférences pour les personnes du même milieu) finissent toujours par nuire aux organisations dans un contexte de changement, car les diversités sont autant de potentialités d’adaptation dans un contexte nouveau que personne ne connaît.

Mots clé : anthropologie ; diversités ; sexisme ; racisme ; espécisme ; domination masculine ; quotas ; éthique ; laïcité ; archaïsmes ; LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transexuels) ; handicapés ; juniors et séniors …  

Référence : Nouvelle Histoire de l’Homme Perrin 2005. De Darwin à Lévi-Strauss : l’Homme et la Diversité en Danger. Odile Jacob 2013.

7- L’Apprentissage inversé (reverse mentoring) : une Révolution anthropologique

Depuis quand de jeunes personnes fraîchement arrivées dans l’entreprise apprennent aux dirigeants à utiliser les réseaux et leurs outils ? Des entreprises ont compris que ces nouveaux espaces numériques et ces réseaux offrent de nouvelles opportunités. Mais comment mettre en place ces apprentissages ? C’est une révolution anthropologique considérable puisque dans toutes les sociétés humaines les jeunes doivent se conformer aux règles des aînés ; et c’est d’autant plus sensible pour les jeunes femmes et les représentations archaïques quant à leurs compétences techniques. Il en est de même dans les sociétés de singes. Cependant, l’étude comparée des populations de singes et d’hommes les plus innovantes permettent de dégager un faisceau de paramètres comportementaux et éthiques qui favorisent ou pas ce type d’apprentissage. La digitalisation touche toutes les fonctions de l’entreprise avec ses conséquences désignées sous le néologisme d’ubérisation. L’homme est un Homo ex machina qui doit s’adapter rapidement à l’espace digital darwinien dont personne ne connaît les contours, mais dans lequel il faut aller rapidement au risque d’être fossilisé ; avant que n’arrivent les robots …

Mots clé : générations Y et Z ; formation inversée ; digitalisation ; réseaux ; applications ; e-marketing ; management intergénérationnel ; apprentissage ; formation ; éthologie …

Référence : -Homo numericus au Travail. Préface. Pierre Beretti et Alain Bloch. Economica/Altédia 2016.

8- Le Marché biologique ou les Fondements naturels du Commerce

Le commerce est le plus vieux métier du monde. Les éthologues se sont intéressés à cette question : est-ce que des animaux se rendent des services garantis par des échanges réciproques ? C’est un comportement très répandu entre des individus d’une même espèce (singes, vampires …) et de différentes espèces (singes, poissons clown …). Comment s’établissent ces relations ? L’observation, l’expérimentation et la modélisation grâce à la théorie des jeux apportent des éclairages saisissants qui, au passage, mettent en cause le principe de l’agent économique rationnel au cœur de la théorie néoclassique de l’économie. L’Homo oeconimicus n’a pas de succès parmi les singes et pas plus dans la diversité des sociétés humaines en raison de facteurs sociaux tels que la réputation et de règles éthiques. Ces approches participent du courant récent de l’économie expérimentale qu’on appelle aussi la nano-économie.

Mots clé : échanges ; théorie de jeux (dilemme du prisonnier ; ultimatum …) ; confiance ; Homo oeconomicus ; agent économique rationnel ; monkey business ; don ; économie collaborative ; entre aide ; relation client …

Référence : préface du livre blanc sur la relation client ARFC 2014.

9- Des robots, des grands Singes et des Hommes

Depuis la publication du Second âge des machines par Andrew McAfee et Erik Brynjolfoson, en 2014, le monde commence à peine à prendre conscience des bouleversements déjà en cours dans la société en général et les entreprises en particulier. Les robots, les machines connectées et les algorithmes prennent déjà une place considérable dans l’économie car, dans bien des cas, plus efficaces et plus productives. Diverses études indiquent qu’environ 60 % des métiers vont se trouver considérablement modifiés, ce qui est déjà le cas dans ceux de production depuis plusieurs décennies, mais cette fois avec le développement des imprimantes 3D de toutes dimensions, et cela va le devenir dans les métiers dits « intellectuels ». Dès qu’il s’agit de collecter et d’ordonner des données en grandes quantités, les algorithmes se montrent plus performants. Le second âge des machines va rendre plus performants des métiers existants, inventer de nouveaux métiers (ceux du Big data) et faire disparaître des métiers ; sans oublier les objets connectés. Les robots ne viennent pas se substituer aux hommes, mais vont changer profondément l’écologie du monde du travail. Car il y a de plus en plus de travail, la question se déplaçant sur ce que seront les emplois et les rémunérations. (Un individu actif de nos jours a des activités quotidiennes qui mobilisaient plusieurs métiers à la fin du XXe siècle). Entre craintes infondées et utopies illusoires, c’est un nouveau monde qui se met en place entre les défis de l’intelligence artificielle et les possibilités de l’intelligence augmentée (IA vs. AI). S’il y a menace, ce n’est pas de la part des machines – car c’est nous qui les concevons, mais dans nos aptitudes à stimuler notre intelligence, sans oublier nos activités physiques. Sinon, c’est le syndrome de la Planète des Singes. Et il en est ainsi depuis l’invention du premier silex taillé. Et puis, quels rapports entre les singes et les robots ? Tout simplement parce que les fondements ontologiques entre le singe et la machine sont exactement les même selon les cultures ; et à ce jeu, les cultures orientales sont nettement plus avantagées que les cultures occidentales et tout particulièrement la France malgré son excellence en robotique (les japonais ont racheté Adelbaran).

Mots clé : Homo faber ; ontologies ; robots ; humanoïdes ; algorithmes ; intelligence augmentée ; intelligence artificielle ; éthiques des machines ; droits des robots ; individuation ; robots humanoïdes, ontologies et éthique; des grands singes et des robots au travail ; droit du travail et droit des robots ; l’ingénierie inverse ; nouveaux espaces collaboratifs hommes/machines ; paradoxe de Moravec ; la vallée de l’étrange ; l’avenir du travail ; le syndrome de la Planète des singes …

Référence : préface du livre blanc sur la relation client ARFC 2014.

10- Apes and Apps : Uberpithecus ou des Hommes et des Applications

Ce titre mérite une explication. Il s’articule sur le mot anglais ape désignant les grands singes (chimpanzés, gorilles et orang-outangs) et les applications ou apps téléchargeables et utilisables sur les smartphones. Ces appareils nomades correspondent à ce que les évolutionnistes appellent une adaptation clé, c’est-à-dire un caractère qui permet à une lignée de se déployer dans une grande diversité de niches écologiques et, in fine, de modifier les écosystèmes. C’est le cas du gros cerveau des mammifères. Certes, cet organe consomme énormément d’énergie (métabolisme élevé) et modifie tous ce qui fait notre vie (gestation, sevrage, vie sociale, durée de vie …). Cependant, son développement a ouvert des possibilités cognitives nouvelles qui, selon les lignées, ont été négligées ou sélectionnées par le groupe social. Il en a été ainsi pour les aires du langage et le langage qui a permis à l’homme d’agir sur le monde. Car la sélection naturelle ne crée rien, elle sélectionne sur les variations disponibles. Ce détour par notre évolution est fondamental pour comprendre les changements actuels. Si les ingénieurs s’étaient contentés d’améliorer les réseaux téléphoniques, nous ne connaîtrions pas les changements actuels. Ils ont proposé des appareils correspondant à une activité à améliorer – téléphoner– mais en laissant ouvert des possibilités encore imprécises. Personne n’imaginait le tsunami des SMS. Il s’agit donc bien d’un processus darwinien avec l’émergence d’aptitudes qui sont sélectionnées ou pas. Si elles le sont, alors une nouvelle évolution se met en place. Actuellement, une multitude de startups proposent des apps qui sont choisies ou pas. Cela a déjà changé notre vie et cela s’appelle l’uberisation. Moralité : pour changer le monde, il faut être smart, autrement dit, être généreux et ouvert pour les produits et les services que l’on propose ! Avis darwinien pour les départements de R&D et Cie.

Mots clé : uberisation ; digitalisation ; appisation ; startupisation ; Big data (V3 (volume, variété, vitesse) ; petite poucette ; e-business ; e-marketing ; reverse mentoring ; enseignement ; apprentissage ; formation …

Référence : Homo numericus au Travail. Préface, 2016

11- Médecine évolutionniste ou pourquoi il nous arrive d’être malade 1

L’aspect le plus évident de notre coévolution avec l’environnement se situe dans nos relations épidémiologiques avec les micro-organismes, et il en va de même avec les autres espèces comme de l’ensemble de ses composantes physiques et chimiques. Il en est ainsi pour toutes les espèces, mais avec des réponses adaptatives diverses selon leurs propres histoires évolutives, comme les différences de sensibilités au Sida ou à Ebola entre les grands singes et l’homme. Du sevrage en passant par les choix alimentaires, les individus, déjà distincts par leurs gènes, construisent des réponses différentes aux maladies avec des sensibilités variables. C’est la coévolution.

Mais une autre coévolution se met en place avec les premiers hommes : leurs innovation techniques et culturelles autour de l’alimentation, notamment la cuisson, facilite l’évolution de la taille corporelle et de celle du cerveau, ce qui amène des populations de sortir d’Afrique et, de ce fait, à rencontrer d’autres maladies. Il en va de même avec les inventions des agricultures, la consommation de lait et, aussi, l’invention du travail et la sédentarité. Depuis 10.000 ans, la taille du cerveau et la stature diminuent. Aujourd’hui, la sédentarité urbaine, la mauvaise nutrition, les pollutions provoquent des désordres musculaires, squelettiques, dentaires, respiratoires … inconnus jusque-là. On redécouvre l’importance des micro-organismes pour notre santé, ce qu’on appelle le microbiote qui, dès le plus jeune âge, façonne nos capacités à résister ou pas aux maladies. Cette nouvelle compréhension des maladies en relation avec l’histoire de notre espèce et notre histoire individuelle s’appelle la médecine évolutionniste, qui se développe à la fin du XXe siècle, et dont l’un de ses fondateurs est l’immense Erasmus Darwin, grand-père de Charles Darwin, à la fin du XVIIIe siècle. Ce qu’on appelle la médecine 4P (personnalisée, prédictive, préventive et participative) ou Precision medicine s’inscrit dans la médecine évolutionniste en tenant compte de notre passé et sans les illusions « solutionnistes » du transhumanisme.

Mots clé : régime alimentaire ; espérance de vie ; mal-évolution ; taille corporelle ; allergies ; sédentarité ; pollutions ; marche ; urbanisation ; médecine prédictive, médecine de précision ; e-médecine ; médecine connectée ; transhumanisme …

Pascal Picq a été enseignant en anatomie au Duke University Medical Center. Il a enseigné à l’Hôpital Bichat, en sciences dentaires à Montrouge, à Garancières et à la Pitié-Salpétrière. Il est membre des parties prenantes externes du groupe Sanofi et participe régulièrement à des colloques et des réunions scientifiques sur ces questions (plan Alzheimer, vision, nutrition et régime alimentaire, obésité, sexualité, assises de la médecine numérisée …).

Référence : Il était une fois la Paléoanthropologie Odile Jacob, 2010

12- Régime alimentaire : Evolution, Coévolution et Mal-Evolution

Langage et communication
Art et mode
Homme et Animal
Ville et habitat
Marche et pensée
Biomimétisme et évolution
Religions et ontologies …

12- Autre thèmes correspondants aux livres, aux articles publiés et à des interventions dans différents contextes académiques ou entrepreneuriaux

  • Langage et communication
  • Art et mode
  • Homme et Animal
  • Ville et habitat
  • Marche et pensée
  • Biomimétisme et évolution
  • Religions et ontologies …

RÉSUMÉS DE CONFÉRENCES

RE-COMMENCER, POURQUOI, COMMENT ?
Et que voit-on en se plaçant sur les épaules de Darwin ?

D’abord, avant de parler de re-commencement. Il faut peut-être bien s’entendre sur d’où l’on doit re-démarrer. Et si nous remettions cette crise dans une perspective de très longue durée ? Nous n’avons cessé d’entendre que cette pandémie était un phénomène sans précédent.  C’est vrai non seulement pour l’époque mais aussi à l’échelle de notre espèce ?

D’abord merci pour le joli titre de cet échange et heureux de retrouver l’Académie EY des entrepreneurs. Car, depuis ma dernière participation, le monde a beaucoup changé. A cette époque – nous étions à Tolède ou Séville – on ne parlait pas de révolution numérique et, même si on en discutait déjà beaucoup, on ne prenait pas en compte ou on n’avait pas conscience de profond changements affectant le climat et les biodiversité et, plus ennuyeux encore, les changements socio-économiques de nos sociétés et encore moins des entreprises.

Nous étions encore dans le mirage de la mondialisation heureuse et l’ambiance était au feel good et au bonheur au travail (EY 2013). En 2016, le thème de l’académie était le monde dans 20 ans. Toujours instructif de revisiter les exercices de prospectives à rebours.

En tant qu’anthropologue évolutionniste, je n’aurais pas fait mieux ; en tout cas pas pire. On ne peut pas prévoir ce que sera l’évolution. Ayant dit cela, elle s’articule à partir d’une situation antérieure qui délimite les transformations possibles : ce sont les contraintes phylogénétiques.

On vit sur les adaptations du passé et c’est à partir d’elles que s’établissent les adaptations à venir.
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ART ET TRANSMISSION

Sotheby’s, octobre 2918. Un tableau de l’artiste de Street Art Bansky, « la jeune fille au ballon », se détruit lentement alors qu’il vient d’être vendu plus d’un million d’euros. On s’exclame et on crie au coup de génie. Cet artiste très côté à l’identité incertaine a conçu un tableau dont la partie inférieure du cadre dissimule une déchiqueteuse.  Se pose la question de qu’est-ce que l’art et de sa transmission. N’est-ce pas là la géniale intuition d’un artiste dont la réalisation traduit si bien notre époque, celle de flux de messages numériques envoyés sous des pseudonymes, voués à disparaître dans les nuages de la noosphère des réseaux, effacés à peine lus, jamais relus, certaines applications les faisant disparaître systématiquement ? Une univers des informations sans transmission, de messages éphémères de toutes les banalités, les inutilités, les vulgarités, les violences, les rumeurs … on est loin du street art comme des autres formes d’art, en tout cas tels qu’institutionnalisés depuis les inventions des musées, depuis que les arts se trouvent offerts à tous. Là, une apparition éphémère sans transmission.

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VERS DES ÉCOSYSTÈMES HUMAINS ET URBAINS : DIVERSITÉS ET BIODIVERSITÉS

D’ici 2050, les deux-tiers de l’humanité vivra dans des milieux urbanisés et près de côtes. Un défi considérable pour l’adaptation humaine. Si, pendant deux millions d’années, les espèces humaines se sont adaptées grâce à leurs formidables capacités physiologiques et cognitives, ça l’est aussi grâce à leurs innovations techniques et culturelles. Pendant toute cette longue période, les humains se sont adaptés aux contraintes de la nature. Aujourd’hui, inversement de paradigme : l’adaptation humaine et urbaine en devenir doit se faire avec la nature et en la protégeant.

La paradoxe inversé d’Alphonse Allais.
On connaît ce beau paradoxe d’Alphonse Allais : « On devrait construire les villes à la campagne. L’air y est tellement plus pur ». Les problématiques de la ville ne date pas d’hier. Ce qu’ignorait Allais, c’est qu’un siècle plus tard, les campagnes – entendre les biodiversités – entreraient dans les villes.

Nous héritons d’une tradition philosophique, humaniste et civilisationnelle qui influence les politiques des villes, des plus petites aux plus grandes.

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D’HOMO ERECTUS À HOMO NUMERICUS

Est-ce que notre cerveau est au bord de la disruption ? Comment ne pas devenir fou, pour reprendre le sous-titre de l’essai de Bernard Stiegler qui fustige le tsunami numérique et informationnel qui bouscule la tradition humaniste, pour ne pas dire l’humanité ? Est-ce que nos cerveaux hérités du Paléolithique ne risquent pas un burnout généralisé ? Les neurosciences se trouvent face à un immense enjeu cognitif avec les cerveaux et les machines connectées amplifiant sans cesse leurs interactions. Quelles sont les limites avant l’explosion neuronale ?

Notre cerveau procède d’une longue évolution avec les contingences des environnements naturels – banalité – et surtout d’une coévolution particulière propre au genre humain ou Homo depuis deux millions d’années avec nos environnements techniques et culturels.

Les primates et tout particulièrement les singes possèdent des cerveaux plus gros, à la fois en tailles absolue et relative. C’est lié à la complexité de leurs habitats en trois dimensions dans les canopées et la complexité de leurs relations sociales ; on parle de cerveau social. Contrairement à la tradition dualiste qui a la peau dure au pays de Descartes, les sciences neurocognitives ont montré combien le développement de nos capacités cérébrales « coévoluent » avec nos habitudes alimentaires (microbiote), nos activités physiques (la marche), nos relations sociales et les usages des objets techniques (vision et manipulations). Ces caractéristiques adaptatives sont très développées chez les singes, encore plus chez les grands singes et, bien sûr, chez les humains. Le confinement et la distanciation sociale ont mis brutalement en exergue ces facteurs associés à nos capacités et nos bien êtres cognitifs.

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DÉCISIONS COLLECTIVES : BABOUINS JAUNES ET GILETS JAUNES

Préambule aussi nécessaire que prudent, je ne compare par les gilets jaunes à des babouins. Cette chronique s’intéresse aux prises de décisions collectives, à la démocratie et à leurs différentes formes. Car il existe des fondements naturels aux prises de décisions collectives, bien plus répandues qu’on n’a tendance à s’en rappeler, que ce soit dans les affaires humaines comme dans les sociétés animales. Et parmi les plus intéressantes, il y a les babouins jaunes d’Afrique, plus connus sous le nom de Papio cynocephalus.

Dans la diversité de nos activités, de nos fonctions et de nos responsabilités, nous sommes très souvent amenés à prendre des décisions collectives par le truchement de différents types de votes et les règles admises ou imposées (quorum, unanimité ou pas, consensus, à main levée ou par bulletin …) comme dans les associations (loi de 1901), les conseils d’administrations, constitutionnels ou scientifiques, les Assemblées et leurs commissions, les conseils municipaux ou régionaux, les jurys littéraires, artistiques … En fait, les décisions collectives sont plutôt la règle que l’exception, même dans nos familles depuis la fin du pater familias, et ces exceptions concernent les entreprises, les administrations et les gouvernements. Autrement dit, ce sont des questions de gouvernances.

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HOW THE EARTH BECOMES FLAT (AGAIN) ; EARTH REVOLUTIONS AND DIGITAL REVOLUTION

Once upon the time on Earth, all human societies were hunter-gatherer societies. Then, for many reaseons not completly understood, different societies invented agricultures in different parts of the world about 10.000 years ago (Neolithic age). Among them, arose several great civilisations – the axial age – which religion and philosophical traditions are still proeminent in our modern societies ; it was during the first millenary B.C.. More recently, the occidental Europe undertook the scientific and technological revolution starting with the Renaissance and developping its power through the Industrial Revolution.

According to this historical process, the dominant cultures conceived a vertical and universal pattern of the human evolution with the industrial and occidental countries on the top called Progress. It was a strong belief and ideology until the end of the XXth century. But meanwhile, another process was on the way : the digital revolution. In the course of only two decades of our third millenary, all human populations became connected, almost anybody in the world has an instantaneous access to anybody else on earth and, also, has access to informations, goods, services, banking, knowledges, teaching, culture … The planet of the humans is flat again and we are on the merge of an unexpected anthropological revolution worlwide : the digital age.

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