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Pascal Picq : « La sédentarité constitue une véritable maladie civilisationnelle »

Le paléoanthropologue Pascal Picq n’est pas un adepte des chemins tout tracés. Avant de devenir un grand nom de sa discipline, il a obtenu une maîtrise de chimie. C’est sa rencontre avec les chercheurs Bernard Vandermeersch et Yves Coppens qui l’a conduit à changer de voie. Chercheur à l’université de Duke (États-Unis), puis au Collège de France, il a consacré sa carrière à étudier les origines de l’homme et de son évolution. Dans La Marche, (Autrement, 2015, réédité en 2024), il se propose de « sauver le nomade qui est nous ». Dans son style un peu foisonnant, le chercheur revient sur les origines et l’évolution de la bipédie dont il a contribué à percer les origines en étudiant les comportements des grands singes. Et s’attaque au passage aux errements anthropocentrés de générations de chercheurs, prenant un malin plaisir à faire descendre l’homme du piédestal où il s’est placé.

« La marche a un impact sur notre état psychique, nos relations sociales… »
Quel rapport entretenez-vous à la marche ?

Je marche beaucoup et cette activité est intrinsèquement liée à mon travail de recherche et d’écriture. Dès que je commence à saturer ou que je bloque sur un sujet, la meilleure chose à faire est d’aller marcher. Souvent, au retour, les choses sont résolues. Ce phénomène empirique est parfaitement corroboré par l’imagerie cérébrale, qui montre que la marche permet une sorte de réinitialisation des activités du cerveau. On sait bien aujourd’hui que le cerveau, la marche et la main ont coévolué. Un gros cerveau pour la cognition et un gros cervelet pour la locomotion se sont fortement développés avec la bipédie. La marche exclusivement bipède constitue l’adaptation la plus fondamentale de la lignée humaine, avec des implications fortes sur l’ensemble de notre corps. Elle contribue aussi à nous maintenir en bonne santé et à prévenir de certaines maladies comme le cancer. Elle a un impact sur notre état psychique, nos relations sociales, notre flexibilité intellectuelle… Des recherches menées à l’université de Stanford révèlent que les personnes qui marchent sont 60 % plus créatives que celles qui ne marchent pas.

En tant que chercheur en paléoanthropologie, comment vous êtes-vous penché sur les origines de la bipédie?

Sciences Humaine