Seulement cette utopie ne va pas se réaliser. Tout au contraire, le développement d’une dystopie qui tend à canaliser les rôles de chacun et de chacune – uniformes, fonctions, positions, horaires d’activités, contrôle …  –, sans libertés sociales ou politiques. L’habitat devient l’enjeu du courant urbaniste et architectural fonctionnaliste, qui, jusqu’aux années 1970, tend à résoudre la « crise du logement ». Les crises économiques finissent par faire tomber les promesses des « cités radieuses » qui, en quelques décennies, deviennent des zones d’exclusions sociales et de misère. Dans le même temps, se développe l’habitat individuel avec une dislocation des liens intergénérationnels. Aujourd’hui, celles et ceux qui ne comptent pas dans les forces de travail – les activités comptabilisées par le PIB -, les jeunes et les étudiants d’un côté, le personnes âgées d’un autre rencontrent des difficultés pour des espaces de vie décents et financièrement abordables. Une rupture en regard de l’utopie de More ; une rupture anthropologique.

L’économie sociale et solidaire – sans ce que dernier terme soit toujours cité – débute en Europe au cours du XIXe siècle. Elle répond aux profond changement de société avec la révolution industrielle, les exodes ruraux et les développement de ville ; autant de facteurs qui délitent, déracinent les lien sociaux séculaires. Bien que toujours agissante, elle sort des agenda politiques des gouvernements comme dans études universitaires au cours du XXe siècle. Elle redevient un grand thème économique et sociétal depuis la fin du XXe siècle en Europe et dans les pays européens ; l’ESS représente 10% du PIB en France et 15% des emplois privés. (Si l’Europe a mieux résisté à la pandémie et ses conséquences, c’est grâce à son modèle social et solidaire).

Aujourd’hui, de profonds changements affectent nos sociétés dans le contexte de la transformation numérique de l’économie, des entreprises et des moyens de production avec leurs cortèges de conséquences sociales, comme pour l’habitat. Par exemple, quelles sont les catégories économiques et sociales éligibles aux formes de travail à distance ? Comment vont évoluer les villes et les quartiers avec des prix de l’immobilier de plus en plus chers, moins accessibles aux familles de revenus moyens et même moyens supérieurs ? Que des foyers riches en centre-ville et des classes laborieuses de plus en plus en périphérie tandis des classes moyennes recherchent des habitats plus confortables, surtout pour les familles.

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