ÉDITO. Difficile de prévoir le nombre d’emplois menacés, ou créés, par l’intelligence artificielle. Mais ceux à valeur ajoutée intellectuelle risquent gros.
Les acteurs de Hollywood ne sont pas les seuls aujourd’hui à s’inquiéter de l’impact de l’IA sur le marché du travail. Les économistes aussi, qui publient depuis des mois des études plus alarmistes les unes que les autres sur le nombre d’emplois menacés à plus ou moins brève échéance par cette innovation technologique : 85 millions selon le World Economic Forum, 450 millions aux États-Unis et en Europe pour Goldman Sachs, 800 millions à l’échelle mondiale pour McKinsey…
La logique des écosystèmes
De fait, l’impact global de l’IA sur l’emploi est d’autant plus difficile à prévoir qu’elle va aussi, dans un processus de destruction créatrice « schumpétérien », faire émerger de nouveaux jobs que personne aujourd’hui ne connaît. Dans le passionnant livre d’entretiens Le Sens de la tech, publié par Philosophie Magazine, l’anthropologue Pascal Picq fait ce constat plutôt rassurant : « Au cours de l’évolution de la lignée humaine, il n’y a pas eu une révolution technologique qui ne se soit accompagnée d’une expansion économique, démographique et territoriale, entraînant elle-même des créations d’activité. C’est la logique des écosystèmes : plus il y a d’acteurs, plus il y a d’activité. » ChatGPT, ce n’est pas – malheureusement ou fort heureusement – la fin du travail.
