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Art newspaper : Modernité de l’art pariétal

Le paléoanthropologue Pascal Picq fait dialoguer arts de la préhistoire et créations modernes, les rapprochant avec brio en dépit de la distance qui les sépare.

Pascal Picq, Manifeste intemporel des arts de la préhistoire , Paris, Flammarion, 2022.

Le paléoanthropologue, maitre de conférences au Collège de France, à Paris, livre dans ce nouvel opus une réflexion passionnante sur l’évolution de la création humaine. « Que nous disent toutes les formes de créativité de l’esprit des diverses humanités connues à ce jour, des Sapiens, bien sur, mais aussi des Dénisoviens ou des Néandertaliens ? » questionne-t-il en préambule. Sa réponse est une invitation à une « promenade intemporelle et multimillénaire à travers l’esprit du geste, les sensibilités des matières, les corps palimpsestes, la sacralité des lieux et les impressions du cosmos ». Sa démonstration est fondée sur l’idée de « la récurrence d’un éternel recommencement se jouant des mêmes schèmes dans les arts du Paléolithique comme dans nos arts modernes ». Confronter les oeuvres du modernisme avec leurs lointains ancêtres est ici prétexte à mettre en évidence autant d’analogies, d’échos. Et à y déceler un point commun, universel : « L’aventure des humanités est moins la fille des nécessités que celle du désir viscéral de se saisir de tout ce qui peut être par-delà les horizons, par-delà les apparences. »

Ici, un galet gravé de traits obliques et perpendiculaires de l’époque protomagdalénienne (vers 22 000 à 20 000 avant notre ère) est mis en regard d’un polyptyque « outrenoir » strié de Pierre Soulages, fin connaisseur de l’art pariétal. Là, un baton percé en forme de double phallus en bois de renne voisine avec une coquine Princesse X (1909-1915) en marbre de Constantin Brancusi. Ailleurs, l’évidence s’impose entre un cercle de morceaux de stalactites (170 000 avant notre ère) dans la grotte de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) et Snake Circle (1991) de Richard Long. Et l’auteur de commenter : « L’édification de structures monumentales avec des pierres entassées, disposées en appareillement ou dressées vers le ciel, se retrouve dans toutes les cultures humaines. » Comme l’émerveillement, au détour de chaque page de ce livre accessible, que l’on referme avec le sentiment d’être plus intelligent et humain.

Pascal Picq, « Manifeste intemporel des arts de la préhistoire », Paris, Flammarion, 2022, 160 pages, 29 euros.


source : art newspaper